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Où était-elle malade ? Ou séquestrée dans sa chambre ? Mais que se passait-il donc ?

Il était près de 4 heures quand la sonnerie du téléphone du poste se fit entendre. Ce n’est pas chose courante à cette heure-ci, et je pressentais déjà en décrochant que cet appel s’adressait à moi ; il se passait quelque chose de grave. Je saisis le combiné d’une main peu assurée, à mon timide « allo », la voix de la standardiste me répondit :
«  Communication de l’extérieur pour Franck L. ». Mon sang ne fit qu’un tour. J’imaginais déjà le pire. Les hypothèques les plus horribles que je n’osais échafauder tout à l’heure, s’imposaient à moi maintenant ; l’horreur. Je n’avais plus envie de répondre à ce téléphone, je ne voulais pas entendre ce que l’on avait à me dire. D’ailleurs non, ce n’était pas pour moi. L’espace d’un instant j’ai voulu prendre mes jambes à mon cou, fuir cet endroit, fuir ce moment.

Le téléphone était toujours collé à mon oreille, j’entendis un souffle court et rapide dans le combiné, le temps venait de se suspendre, une seconde durant une éternité je retins mon souffle.

Ce fut un soulagement indescriptible lorsque j’entendis la voix de l’ami à qui j’avais confié ma voiture, mais cette impression ne dura pas car sa voix tremblait dans le téléphone, ses mots étaient saccadés, ses phrases entrecoupées, j’avais beaucoup de mal à saisir ce qu’il essayait de me dire. Je l’empressai de se calmer, de respirer un bon coup et de m’expliquer clairement ce qui était arrivé.

« J’ai eu un accident Franck ! rassure-toi personne n’est blessé, Marie Luise est chez elle mais ta voiture est bonne pour la casse, et nous sommes bloqués là-bas ».

Rassuré quant au sort de mes amis, la pression de toutes ces heures passées à attendre dans l’angoisse me poussa à une réaction violente.

J’oubliai le reste, il ne me restait qu’un sentiment de colère, d’injustice ; ma voiture, ma chère voiture, toutes mes économies étaient passées dedans. Et puis sans voiture comment allais-je bien pouvoir retrouver Marie-Luise ? J’étais dans une rage folle, j’en voulais à mon ami de n’avoir pas su être plus prudent.

Je raccrochai brutalement ; une heure plus tard un taxi s’arrêtait devant la caserne laissant descendre mes deux collègues penauds, les traits tirés, encore sous le choc. J’avais eu le temps de me calmer et de les voir ainsi, j’eu pitié d’eux, ils étaient suffisamment punis ; nous avons pu discuter des circonstances exactes de l’accident ; puis le jour pointant à l’horizon, ils sont allés se coucher et moi j’ai terminé ma garde, ruminant de sombres pensées, car sans voiture il allait m’être très difficile de voir ma petite « fiancée ».

 

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