Où
était-elle malade ? Ou séquestrée dans sa chambre ? Mais que se
passait-il donc ? Il
était près de 4 heures quand la sonnerie du téléphone du poste se fit entendre.
Ce n’est pas chose courante à cette heure-ci, et je pressentais déjà en
décrochant que cet appel s’adressait à moi ; il se passait quelque chose
de grave. Je saisis le combiné d’une main peu assurée, à mon timide
« allo », la voix de la standardiste me répondit : Le
téléphone était toujours collé à mon oreille, j’entendis un souffle court et
rapide dans le combiné, le temps venait de se suspendre, une seconde durant une
éternité je retins mon souffle. Ce
fut un soulagement indescriptible lorsque j’entendis la voix de l’ami à qui
j’avais confié ma voiture, mais cette impression ne dura pas car sa voix
tremblait dans le téléphone, ses mots étaient saccadés, ses phrases entrecoupées,
j’avais beaucoup de mal à saisir ce qu’il essayait de me dire. Je l’empressai
de se calmer, de respirer un bon coup et de m’expliquer clairement ce qui était
arrivé. « J’ai
eu un accident Franck ! rassure-toi personne n’est blessé, Marie Luise est
chez elle mais ta voiture est bonne pour la casse, et nous sommes bloqués
là-bas ». Rassuré
quant au sort de mes amis, la pression de toutes ces heures passées à attendre
dans l’angoisse me poussa à une réaction violente. J’oubliai
le reste, il ne me restait qu’un sentiment de colère, d’injustice ; ma
voiture, ma chère voiture, toutes mes économies étaient passées dedans. Et puis
sans voiture comment allais-je bien pouvoir retrouver Marie-Luise ? J’étais
dans une rage folle, j’en voulais à mon ami de n’avoir pas su être plus
prudent. Je
raccrochai brutalement ; une heure plus tard un taxi s’arrêtait devant la
caserne laissant descendre mes deux collègues penauds, les traits tirés, encore
sous le choc. J’avais eu le temps de me calmer et de les voir ainsi, j’eu pitié
d’eux, ils étaient suffisamment punis ; nous avons pu discuter des
circonstances exactes de l’accident ; puis le jour pointant à l’horizon,
ils sont allés se coucher et moi j’ai terminé ma garde, ruminant de sombres
pensées, car sans voiture il allait m’être très difficile de voir ma petite
« fiancée ».
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