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Vînt le moment de se quitter. Je remerciais chaleureusement la maman de son accueil, j’embrassais tendrement ma belle, le cœur léger, sachant que nous allions très vite nous revoir.

Et nous nous sommes revus, chaque jour. Notre amour grandissait sans cesse. Nous vivions heureux, portés par l’insouciance, la tête dans les nuages, nos cœurs battant à l’unisson.

Et pourtant nous avancions sans le savoir sur la ligne déjà tracée de notre destinée, vers des éléments qui allaient se déchaîner et que nous ne pourrions pas maîtriser.

Mes obligations militaires me contraignaient parfois à rester cantonné à la caserne. C’est dans le courant de ce mois de mars que je fus réquisitionné pour être chef de poste. Cela sous-entendait être de garde toute une semaine à l’entrée de la caserne, dans un bâtiment d’un confort spartiate, d’environ soixante mètres carrés où nous devions loger à six avec pour seule distraction les allées et venues des véhicules que nous avions en charge de vérifier. Nous n’étions pas encore très éloignés de l’époque des attentats liés au groupe que tout le monde connaissait sous le triste nom de « La Bande à Bader ».

Le temps me paraissait bien long séparé de ma mie, il me tardait tant de la revoir pour la serrer de nouveau contre moi. Un soir, n’y tenant plus, je proposai à des amis qui n’étaient pas de service, de leur prêter ma voiture moyennant quoi ils ramenaient Marie-Luise avec eux afin que nous puissions passer un peu de temps ensemble. Je savais qu’elle serait obligée de venir en cachette de ses parents, car jamais ils n’auraient donné leur permission pour une escapade de quelques heures aussi loin de chez elle.

Le temps passait ; je rongeais mon frein avec impatience. Il était de coutume lorsque nous étions en permission que nous rentrions entre minuit et une heure du matin. Il était déjà deux heures à l’horloge du poste de garde, et rien ! Pas de bruit de moteur au loin, aucune lueur laissant penser qu’un véhicule était en approche. Je commençais vraiment à perdre patience, et l’inquiétude me gagnait sournoisement.

Je laissais encore s’écouler une longue demi-heure et n’y tenant plus j’appelai la discothèque où nous nous rencontrions habituellement. La barmaid me répondit que oui elle avait vu mes amis, mais qu’il y avait bien deux heures déjà qu’ils étaient repartis, et elle ne savait pas où ils devaient se rendre après.

Cette attente devenait un véritable cauchemar, je ne savais plus que faire, je tournais en rond, et mille et une questions fusaient dans ma tête.

Est-ce que Marie-Luise n’avait pas pu se libérer ? Son beau-père l’avait peut-être surprise ? Peut-être n’avait-elle pas voulu venir ?

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