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Immobile sur le pas de la porte, un  sourire éclairant son visage, je voyais en elle l’image d’un ange. Elle me fit un petit signe m’invitant à la rejoindre. Jetant un regard furtif à la dérobée, je lui volais un léger baiser. Surprenant mon regard interrogateur, elle sourit de nouveau et me prenant la main m’entraîna à sa suite, et c’est ainsi que pour la première fois depuis que nous nous fréquentions, je franchis le seuil de sa maison.

Je pénétrai tout d’abord dans la cuisine pour aller saluer sa mère ; elle me serra la main, d’un air enjoué, presque comme si elle me connaissait depuis toujours. Je dois dire qu’à ce moment-là je me posais des tas de questions. La famille de Marie-Luise aurait elle enfin admis l’inévitable. Auraient-ils compris tous autant qu’ils sont, qu’il ne servait à rien de chercher à nous séparer puisque nous nous aimions.

Courtoisement, elle me pria de rester dîner avec elles et comme on dirait par chez nous, elle « mit les petits plats dans les grands ».

Mais je ne comprenais toujours pas ce revirement de situation. Elle n’avait pas daigné répondre à ma lettre, et là ce soir elle se mettait en quatre pour me faire plaisir, m’invitant à sa table comme si j’étais d’ores et déjà un membre de la famille. C’était vraiment à n’y plus rien comprendre.

Malgré toutes ces incertitudes je commençais à me sentir plus à l’aise, j’étais auprès de Marie-Luise, cela seul importait. Je n’avais pas à me cacher de sa mère, cela aussi comptait beaucoup pour moi par principe.

Je fis la connaissance de son demi-frère, un peu plus jeune. Mais il me restait encore à affronter l’homme de la famille, le beau-père de ma bien-aimée. Rien qu’à cette idée, la peur me prenait au ventre ; je ne voulais surtout pas risquer de compromettre notre idylle par une parole ou un geste déplacé.

Au cours du dîner j’ai cru comprendre par diverses allusions, que malheureusement nous n’avions pas sa bénédiction et que nous allions nous heurter à de grosses très grosses difficultés. Je regrettais en mon for intérieur que le vrai père de Marie-Luise ne soit plus de ce monde ; elle avait peu eu le temps de le connaître, car elle n’avait que six ans lorsqu’il est décédé dans un tragique accident ; il aurait compris, lui, la sincérité de mes sentiments, je suis sûr que nous nous serions appréciés mutuellement, car il semblait avoir été un homme bon, compréhensif et généreux.

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