Ma
semaine prit fin, me libérant de mes obligations, j’étais libre d’aller et
venir, oui libre mais que faire de cette liberté lorsque l’on ne peut compter
que sur ses pieds pour se déplacer et que l’on est à des kilomètres et des
kilomètres de tout alentour. Mes
amis ne sachant comment se faire pardonner, et me voyant tourner comme un lion
en cage firent des pieds et des mains pour trouver une solution à mon problème.
Elle se présenta sous l’aimable complicité d’un gars de leur chambrée qui
n’ayant pas de projet pour le week-end voulait bien nous conduire au village
tout en profitant lui aussi du voyage. J’étais
heureux finalement tout rentrait dans l’ordre, tant pis pour la voiture
entreposée à la casse, j’allais retrouver ma dulcinée rien n’était plus
important. Elle aussi devait être inquiète car je n’avais pu à aucun moment lui
donner de mes nouvelles. Nous
étions vraiment tous très heureux de nous revoir et ce fut une fête d’enfer à
la boîte. Nous avons passé une journée sensationnelle. Mais le temps passe vite
lorsqu’il nous est compté, et le soir venu il nous fallait déjà rentrer. Nous
ne pouvions pas toujours rester dormir sur place, mais une idée complètement
folle était en train de germer dans mon esprit, car bien sûr je n’avais aucune
envie de quitter Marie-Luise. Je décidais de l’emmener avec moi dormir dans ma
chambre à la caserne. L’idée
que l’on risquait de se faire prendre ne m’a même pas effleuré, et puis cela ne
pouvait qu’ajouter un peu de piment à nos jeux amoureux. Le
plus périlleux serait de ne pas éveiller les soupçons de la patrouille de nuit,
car les gardes filtraient les entrées et les sorties de la caserne. Philippe,
l’un de mes copains, avait dans son
coffre une parka militaire ; et c’est ainsi costumée que Marie-Luise passa
avec nous le poste de garde, ni vu ni connu, elle était dans la place. Que
d’insouciance quand on y repense, infiltrer une jeune fille, mineure de
surcroît, dans l’enceinte d’une caserne, pour un sous-officier ce n’est
sûrement pas le meilleur moyen de prendre du galon. Je savais que la seule
contrainte serait de sortir de la caserne avant le lever du jour, sous peine de
rester coincés tout le dimanche dans cette enceinte (çà n’aurait pas été pour
me déplaire, mais il fallait aussi que je pense à mon amie). Pour l’heur, plus
rien ne comptait qu’une seule chose, enfin nous allions pouvoir nous retrouver
seuls, et protégés des regards indiscrets nous laisser emporter par la fièvre
de nos désirs brûlants d’amoureux étourdis et impatients. Serrés
sur cette étroite couche de soldat, réconfortés mutuellement par la chaleur de
l’autre, nos corps se sont rapprochés, et nous avons laissé loin derrière nous,
les parents, les amis, les adjudants et les commandants, pour ne plus penser
qu’au présent et profiter pleinement de la vie qui nous habitait. Notre
nuit fut en tout point délicieuse, et la lueur du jour, filtrant au travers du
volet nous trouva profondément endormis l’un contre l’autre inconscients des
bruits qui s’éveillaient autour de nous. On
ne réveillait plus les troupes au son du clairon, pourtant ce matin là j’aurais
sans doute préféré, car c’est la voix tonitruante de l’adjudant qui me fit
ouvrir un œil à huit heures tapantes. Epuisés,
nous nous étions endormis au petit matin et nous avions laissé passer l’heure
fatidique. Nous étions maintenant condamnés à rester cachés toute la journée. C’est
alors que retrouvant complètement mes esprits, la voix qui braillait dans le
couloir me parvint plus distinctement et ce que j’entendis me fit dresser sur
mon séant. « Inspection
des chambres dans dix minutes par le Capitaine ! ». Faits
comme des rats, il n’y avait pas d’issue possible, même pas question de faire
la sourde oreille, les gradés avaient un passe pour chaque chambre Je
n’arrivais même plus à réfléchir ; mais quelle mouche les a piqués ?
Un dimanche ! Me faire ça à moi ! Qu’allions nous faire ?
Comment nous sortir de cette impasse ?
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