Mais
il fallait bien une ombre à ce tableau idyllique, et elle s’éleva sous les
traits de son beau-père. Marie-Luise avait perdu son père dans un accident de
la circulation alors qu’elle n’avait que cinq ans, et sa mère ne supportant pas
la solitude tomba amoureuse d’un homme qui se révèlerait n’être jamais un vrai
père pour Marie luise. Il
l’empêchait souvent de s’amuser. Il ne lui permettait pas de sortir pour
rejoindre les jeunes de son âge. Il était d’une génération où les filles
restaient à la maison jusqu’au mariage, à coudre, cuisiner ou repasser. Il
m’arrivait souvent de la récupérer sous sa fenêtre pour que l’on puisse passer
ensemble une soirée en amoureux. Elle faisait le mur, sortait en cachette. Et
nous allions dans un petit endroit discret pres de la poste, dans son petit village, nous nous
installions sur un banc et pendant des heures nous parlions de nos vies, de nos
envies, de nos projets, nous bâtissions des châteaux en Espagne. Et sans aucun
autre désir que celui d’être ensemble, nous restions ainsi des heures durant
l’un contre l’autre, main dans la main, tête contre épaule. Souvent nous
cessions même de parler pour laisser à nos cœurs et à nos esprits toute liberté
de s’élever et de se rencontrer au-delà de nos corps. Parfois
dans notre sommeil, nos esprits libérés de nos corps, légers et insouciants, se
rejoignaient et au travers de nos envies et désirs, unis dans l’infini,
tournoyaient emportés par notre passion.
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