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Mais il fallait bien une ombre à ce tableau idyllique, et elle s’éleva sous les traits de son beau-père. Marie-Luise avait perdu son père dans un accident de la circulation alors qu’elle n’avait que cinq ans, et sa mère ne supportant pas la solitude tomba amoureuse d’un homme qui se révèlerait n’être jamais un vrai père pour Marie luise.

Il l’empêchait souvent de s’amuser. Il ne lui permettait pas de sortir pour rejoindre les jeunes de son âge. Il était d’une génération où les filles restaient à la maison jusqu’au mariage, à coudre, cuisiner ou repasser.

Il m’arrivait souvent de la récupérer sous sa fenêtre pour que l’on puisse passer ensemble une soirée en amoureux. Elle faisait le mur, sortait en cachette. Et nous allions dans un petit endroit discret pres de la poste, dans son petit village, nous nous installions sur un banc et pendant des heures nous parlions de nos vies, de nos envies, de nos projets, nous bâtissions des châteaux en Espagne. Et sans aucun autre désir que celui d’être ensemble, nous restions ainsi des heures durant l’un contre l’autre, main dans la main, tête contre épaule. Souvent nous cessions même de parler pour laisser à nos cœurs et à nos esprits toute liberté de s’élever et de se rencontrer au-delà de nos corps.

Parfois dans notre sommeil, nos esprits libérés de nos corps, légers et insouciants, se rejoignaient et au travers de nos envies et désirs, unis dans l’infini, tournoyaient emportés par notre passion.

 Mais il devenait de plus en plus difficile de se voir, son beau-père devenait soupçonneux et renforçait sa surveillance. Heureusement nous nous étions fait une alliée, sa tante, chez qui nous allions pour abriter nos amours, en qui nous avions entière confiance et qui nous aimait l’un comme l’autre comme si nous avions été ses propres enfants. Elle avait foi en notre amour, peut-être cela lui rappelait-il les siens.

 Si seulement on avait pu savoir et prévoir ce qui allait arriver par la suite. Nous allions apprendre à nos dépends que derrière le masque de la gentillesse se cache parfois vilenie et duplicité.

 Marie-Luise avait aussi deux sœurs. L’une d’entre elles sortait de temps en temps avec nous, et l’autre plus âgée était mariée, et n’appréciait guère notre relation. Elle était jalouse de Marie-Luise, elle lui enviait sa jeunesse et son insouciance. On dit que l’on choisi ses amis et ses amours et que l’on subit sa famille. Souvent à travers mes tranches de vie, j’ai pu vérifier cette maxime.

 

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