J’ai
repris place sur mon siège, personne ne soufflait mot, pas un geste non plus
comme si la marche du temps s’était suspendue. Je suis bien resté étourdi comme
anesthésié par ce baiser pendant plus d’une minute et j’avais peine à réaliser
le fait que j’avais embrassé une enfant. En moi-même je justifiais ce
manquement à mon éthique en me disant que c’était juste un geste de sympathie,
un moment d’égarement. Mais dans un élan inattendu, je me suis retourné et me
suis emparé à nouveau de ses lèvres, cette fois pour une folle étreinte qui ne
ressemblait en rien à de la compassion, mais plutôt à de la passion qui nous
transporta vers ces endroits où seuls les gens qui s’aiment peuvent se
rendrent. Je venais de rencontrer au moment où je m’y attendais le moins, et
sans qu’aucun doute ne soit possible, la femme de ma vie. C’est
ainsi que je fis plus ample connaissance de Marie Luise, et à cette minute même
je sus que j’étais en train de vivre un grand amour, malgré tout ce que cette
histoire allait souffrir de tragique dans les semaines qui allaient suivre.
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