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 Chapitre II

Dès le lendemain nous revîmes nos deux compagnes que nous avions raccompagnées chez elles au petit matin. Les langues s’étaient déliées et les commérages allaient bon train.

C’est ainsi que tous les habitants ou presque savaient dans les moindres détails ce qui c’était passé la veille. Il faut dire que nous n’avions rien fait pour que cela reste discret et même les services de police étaient au courant car emportés par la fougue de nos vingt ans nous avions imprudemment omis de vérifier auprès de nos amies coquines et libertines si elles étaient majeures, ce qui n’était pas le cas. Heureusement, aucune plainte n’a été portée, nous avons eu droit à un sévère sermon et des réprimandes, et c’est ainsi que nous avons échappé « au trou » en rentrant à la caserne.

Pourtant ce fut ce jour là que commença pour moi l’histoire d’amour la plus merveilleuse, la plus heureuse et la plus sincère que j’eus la chance de rencontrer dans ma vie. Comment expliquer qu’il n’existe dans chaque parcours qu’un seul et véritable amour et que si celui-ci vient à nous échapper il ne reviendras jamais plus.

Ce jour-là nous nous sommes retrouvés à sept dans ma voiture, nous étions passé chercher les deux jeunes sœurs, et nous voilà repartis vers l’aventure au travers de la petite ville visitant les lieux les moins fréquentés, traversant les parcs, longeant les squares, plaisantant et riant en roulant le long des trois rues principales de la bourgade. J’avais auprès de moi la jeune fille avec qui j’avais passé la nuit, et derrière serrés comme des sardines en boîte mes camarades ainsi que la jeune adolescente que j’avais consolée la veille que je pouvais apercevoir dans mon rétroviseur.

Alors que je conduisais, je ressentais toujours cette drôle de sensation m’envahissant comme lorsque j’avais pénétré pour la première fois dans cette boite de nuit. Je regardai de nouveau au-dessus de mon épaule dans le reflet du rétroviseur cette jeune fille qui ne disait rien et j’en avais froid dans le dos ; elle semblait me dévorer du regard, et en l’observant plus longuement je m’aperçus qu’elle jetait des coups d’œil méchants à ma compagne ; si ses yeux avaient été des révolvers je n’ose imaginer le résultat. Elle me regardait fixement, d’un air de dire que si je l’avais consolée hier soir pourquoi ne pas continuer à être auprès d’elle plutôt qu’avec sa copine, comme si par ce geste de camaraderie, elle avait le sentiment que je lui appartenais ou je ne sais quoi de semblable… il me semblait ressentir chez elle de la jalousie ??

 

 

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